Le cimetière israélite

Le cimetière de la communauté juive, témoin chargé d’émotion, est toujours visible au bout d’un chemin de terre, protégé par une forêt de hêtres et d’acacias.
Le cimetière israélite de Luemschwiller a été créé en 1794, il a abrité jusqu’à 200 sépultures. 65 stèles, datant de 1801 à 1877, y subsistent encore et commémorent surtout les défunts des familles Hauser, Brunschwig et Levy.                                                                                                  L’originalité de ce petit cimetière juif du Sundgau, ce sont ses épitaphes uniquement en hébreu et de facture artisanale. 

La synagogue

Un lieu de culte, presque oublié…Dans la montée de la rue d’Obermorschwiller, à droite, dissimulée derrière un vénérable tilleul, à l’abri d’une façade austère et recomposée, se trouvent les restes de la Synagogue de Luemschwiller.
Située à la bordure Est du village de l’époque, identifiée comme “l’école juive “dans la mémoire collective des anciens du village, elle est le dernier témoin immobilier de l’ancienne communauté (jusqu’à deux cents personnes), qui a vécu autour du Ledergasse, tout au long du XVIIIe et XIXe siècle.
Des relevés à l’intérieur du bâtiment, nous ont permis de restituer une partie de son intégrité architecturale originelle. Avec quelques bonnes surprises, conservées sur les murs de l’ancien lieu de culte…

La communauté Juive

Extrait de la notice historique d’Angèle Yung « Il était une fois Luemschwiller » Septembre 2019.
Peuple en mouvement, les communautés israélites, s’installent en Alsace à la suite du début de l’effondrement de l’Empire Romain. Au quatrième siècle de notre ère cette présence est fortement implantée dans les grande villes Rhénanes, Trèves, Cologne, puis lentement s’organise dans les villes de Haute, Moyenne et Basse Alsace.

Au 17ème siècle, après le traité de Westphalie (1648), notre région est fortement ruinée par la guerre de trente ans.

Au courant du XVIII ème siècle, les De Reinach qui possédaient le village de Luemschwiller, avec des sous-entendus démographiques et financiers, acceptent d’installer une communauté d’Israélites au sein du village.

1784 : 141 personnes sont recensées à Luemschwiller.

Façade Nord côté rue

En 1808, lors du premier recensement Napoléonien, l’état oblige les familles juives de se choisir un patronyme pour l’Etat civil. Par exemple les frères Lévy abandonnent ce nom pour celui de Emschwiller.

Les familles de la communauté se nomment, Hauser, Brunschwig, Hirtz, Ulmann, Moyses, Lévy…

En 1886, les Gugenheim, dernière famille à vivre encore à Luemschwiller quitte les lieux et mette ainsi un terme à près de deux siècles de présence juive au sein de notre village.

Le cimetière de cette communauté, témoin chargé d’émotion, est toujours visible au bout d’un chemin de terre, protégé par une forêt de hêtres et d’acacias. Il doit réunir dans l’éternité deux cents à trois cents sépultures. Une très intéressante étude des épitaphes a été entreprise par Roger Harmon de Bâle.

Façade Sud côté cour

Description de l’actuel habitat et découverte de la Synagogue.

C’est une petite maison qui se fait discrète au bout de la rue du Cuir, avec une façade donnant sur la rue d’Obermorschwiller. Elle est inhabitée depuis longtemps et tous les anciens de Luemschwiller l’appelle “Schule”.
Au bout de la cour, une petite porte en bois qui ne s’ouvre que très rarement. Quand on pénètre à l’intérieur, quand les yeux s’habituent à la pénombre, on découvre une petite dépendance qui sert de débarras, de ‘’kingalastalh’’, pour l’élevage des animaux. 

Depuis longtemps le lieu est endormi mais trois murs de l’édifice ont gardé de nombreux témoins de sa fonction initiale. Lors de notre première visite, nous sommes frappés à quel point ce local a été transformé, toutefois sans trop détruire les indices qui vont nous permettre, en les déchiffrant de proposer une restitution partielle de cette construction. 


Quand nous commençons à faire les relevés d’architecture, nous nous rendons-compte assez rapidement que les vestiges de cet ancien lieu de culte nous permettront de proposer un essai de restitution raisonnable.Depuis longtemps le lieu est endormi mais trois murs de l’édifice ont gardé de nombreux témoins de sa fonction initiale. Lors de notre première visite, nous sommes frappés à quel point ce local a été transformé, toutefois sans trop détruire les indices qui vont nous permettre, en les déchiffrant de proposer une restitution partielle de cette construction. 

Quand nous commençons à faire les relevés d’architecture, nous nous rendons-compte assez rapidement que les vestiges de cet ancien lieu de culte nous permettront de proposer un essai de restitution raisonnable. 

Évolution du bâtiment

Pignon Est avec le tabernacle

À l’origine le bâtiment dans son intégralité faisait 13m sur 9m. A une date encore inconnue, à l’extrême fin du XIXe s., l’ancien lieu de culte est vendu et transformé en deux surfaces équivalentes de 9m sur 6,50m, séparées par un mur en brique.        Une moitié à l’Ouest deviendra une petite maison d’habitation de deux étages. Elle sera entièrement reconditionnée et fera disparaître tous les vestiges.             L’absence de trace dans cette partie nous posera pas mal de problème pour la compréhension de la circulation des hommes et des femmes dans le lieu de culte. En contrepartie la moitié Est sera réaménagée en étable, laissant de nombreux témoins archéologiques. Ils nous permettront d’essayer de restituer un plan d’ensemble de ce vénérable lieu de culte.

L’architecture

Ouvertures extérieures coté Est

Les murs de façade et le pignon Est sont en pierre d’une carrière locale. Ils sont relativement bien maçonnés de terre et de chaux. Ils ont une épaisseur de 0,70m et ont une hauteur de 3,50m pour les façades et 8m pour le pignon Est. Un petit colombage de 0,70m de haut surmonte les deux murs de façade Nord et Sud. Ce sont deux sablières séparées par des entretoises, équidistantes de 1,50m.

Voûte surbaissée

La porte d’entrée, qui donne sur une cour intérieure, à une ouverture d’une largeur de 0,96m, pour une hauteur de 1,96. Son encadrement extérieur est taillé dans un appareil soigné avec une petite feuillure, dans un calcaire, certainement issu d’une carrière du village. Les trois fenêtres qui sont conservées murées dans le mur Nord et le mur Est, ont une ouverture aux dimensions et à la facture identiques à la porte. Sur le pignon, une petite fenêtre servait à éclairer le grenier ou le premier étage de l’édifice. A l’intérieur du bâtiment chaque ouverture est surmontée d’une voûte surbaissée, construite à l’aide de claveaux en pierre maçonnés

Tabernacle et ses peintures

Chaque indice mesuré sur le terrain nous a permis de reconstituer le puzzle de la restitution. Sur l’élévation axonométrique on peut voir que nous avons replacé 6 ou 7 grandes fenêtres et une ou deux portes. Le mur Est qui est conservé dans son intégralité nous permet de restituer deux baies vitrées qui encadrent le tabernacle où l’on déposait les rouleaux de la Tora. Autour du tabernacle des peintures représentent la couronne de la Tora (Keter Tora) qui surmonte le bouclier, encadrée par les deux lions de Juda.                                                                                                                                Les indices visibles et archéologiques nous autorisent de placer surement deux baies dans le mur Nord et d’en supposer une troisième.

Verset en Hébreux

 Afin d’autoriser une libre circulation des hommes (Rez-de-chaussée) et des femmes (étage supérieur), sans se croiser, il se peut qu’un premier étage ait-été aménagé. Dans le mur Sud, pour permettre l’accès à cet étage supposé, une deuxième porte a peut-être été aménagée à l’opposé de la porte subsistante. Entre la porte actuelle et les vestiges de la baie, subsistent, peints sur l’enduit de ce mur Sud, les vestiges d’un texte en Hébreux que Monsieur Roger Harmon a déchiffré comme une prière, un Notre père de l’Ancien Testament.

La communauté Juive de Luemschwiller, organisée autour de sa Synagogue qui devait servir aussi d’école, d’un bain rituel, Mikvé, a vécu pendant un siècle et ses membres se sont fait inhumés dans un cimetière dont les stèles ont livré une partie de l’identité des habitants de notre village du XVIIIème et du XIXéme siècle.                                                             Ils font partie de notre patrimoine .

Aujourd’hui certains descendants portant le nom de notre village Emschwiller sans le Lu, répartis dans le monde, font la démarche de vouloir connaître le lieu de vie de leurs ancêtres.