Le “Wachthisla”

Le Corps de Garde est un bâtiment de dimensions modestes, souvent situé au centre du village, où stationnait une Milice, composée de citoyens : la Garde Nationale. Annexé à cet édifice, on trouve généralement un abri pour stocker le matériel de lutte contre les incendies.
La Garde Nationale est issue de la Révolution Française. Il s’agit d’une police sédentaire et locale, créée en 1789 à laquelle on assigne une double fonction : maintenir l’ordre public et servir de réserve à l’armée. Condition de recrutement : être Français, domicilié dans la commune, valide, avoir entre 20 et 60 ans, ne pas être domestique.
Les soldats composant cette Garde Nationale sont employés pour assurer la tranquillité dans leur commune, c’est pourquoi une des pièces du corps de garde servait de cachot.

Le changement de régime en 1830 entraine une réorganisation de cette « armée ». Le roi Louis Philippe incorpore les sapeurs-pompiers, désormais armés, dans la Garde Nationale.


Le corps de garde restauré en 1997

Les maires du Haut-Rhin sont alors invités à former et à organiser les compagnies de leur commune. Le recensement annuel de cette milice sera effectué par le conseil de recensement, composé du maire et des membres du conseil municipal.

Les soldats restaient chez-eux mais ils étaient tenus de se réunir au moins une fois par semaine pour des exercices militaires. Ils étaient appelés à défendre les habitants du village, à protéger leurs cultures, à assurer une garde de nuit à tour de rôle, à surveiller l’extinction des feux et à lutter contre les incendies.                                Il leur incombait également de surveiller les ‘’étrangers’’ passant sur le territoire de leur commune.

En 1851, sous le second Empire, Napoléon III dissout les Gardes Nationales, à l’exception de celles jugées indispensables à la défense de l’ordre public. Grâce à cette disposition, les compagnies de sapeurs-pompiers peuvent continuer à exister, mais avec des effectifs réduit : 20 hommes par pompe à incendie.

En 1870, la Garde Nationale est rétablie à l’occasion de la guerre contre l’Allemagne Elle est définitivement supprimée en 1871.


CHRONOLOGIE SUCCINCTE DU CORPS DE GARDE DE LUEMSCHWILLER

1833 : figuration sur le plan cadastral (section E, parcelle 278), d’un corps de garde.
1837: ou peu avant : destruction de cet ancien édifice par un ‘’ouragan’’.
1839 : construction d’un nouveau bâtiment (correspondant au Corps de Garde actuel, par Théodore Stier, Maître maçon à Luemschwiller.
1860 : le corps de garde sert de logement à l’appariteur (agent municipal employé à divers travaux dans une Mairie).
1870 : sert de dépôt à la pompe à incendie.
Par la suite : Souvent le bâtiment sert d’abri aux mendiants. En 1917 lors de l’évacuation forcée du village par les Allemands, il sert de panneau indicateur. Entre les deux guerres, une famille dont la maison a été ravagée par un incendie y est hébergée.
1944 : lors de la libération, des soldats en font un cantonnement.
1945 à 1977 : le corps de garde sert de dépôt de lait pour les agriculteurs du village.
1997 : le bâtiment est restauré et devient le siège du Syndicat d’eau.

2020 : le conseil de Fabrique s’y installe.

L’ancien corps de garde était assis sur le bord d’un ruisseau qui traverse la commune. Un ouragan qui a éclaté en 1837 ou peu avant a tellement inondé la commune que les eaux ont monté à 1,50 dans les rues et ont entrainé le corps de garde dont on ne voit plus la moindre trace. 

Par suite de cet événement la commune est dans le besoin de le faire reconstruire sur le même emplacement, ce sera un petit bâtiment à rez de chaussée, suivant le plan ci-joint bâti en moellons avec socle et encadrement des portes et fenêtres en pierre de taille, les cloisons en briques et couvert en tuiles doubles, dont la dépense pourra s’élever à deux mille francs environs.